lundi 31 décembre 2018

Bonnes résolutions : et si, en 2019, on revenait au réel


Et si, en 2019, on revenait au réel … 

• … pour dire que n’a rien de scandaleux, l’augmentation des frais d’inscription à l’Université pour les étudiants étrangers hors UE (envisagés à 3000 €), compte tenu du fait qu’un étudiant coûte chaque année environ 14 000 € et que les étudiants français qui se présentent dans n’importe quelle université du monde doivent payer très cher ! Pourquoi faudrait-il financer les études du monde entier hors de tout cadre de réciprocité ?
S’indigner contre l’Etat, et croire qu’ainsi on a agi !


Petit rappel : Les frais d’inscription français sont parmi les plus faibles du monde (https://www.campusfrance.org/fr/cout-etudes-superieures-france-frais-inscription)

·       170 euros pour une année en cycle de Licence ;
·       243 euros pour une année en cycle de Master ; 
·       601 euros pour une année de cursus en formation d'ingénieur dans un établissement sous tutelle du ministère en charge de l’enseignement supérieur * ;
·       380 euros pour une année de Doctorat.


• … pour dire que l’accusation de « mise en danger délibérée des migrants » lancée par plusieurs associations (dont Médecin du monde, le Secours catholique, … ) est une opération de communication indigne et démagogique. Elle laisse penser qu’une action en justice va être intentée contre l’Etat alors que l’accueil français fait partie des plus généreux du monde. On peut être sensible et efficace à l’égard de la détresse humaine sans proférer ce genre d’exagération.
S’indigner contre l’Etat, et croire qu’ainsi on a agi !


Petit rappel :




• … pour dire qu’est absurde la pétition lancée par plusieurs organisations (Notre Affaire à Tous, la Fondation pour la Nature et l'Homme, Greenpeace France et Oxfam France) dénonçant comme une  « carence fautive », « l’action défaillante de l’Etat en matière de lutte contre le changement climatique ». Cette pétition a obtenu près de 1,5 M de signatures, ce qui ne signifie pas que ces 1,5 M de personnes aient raison ! Et contre eux, il faut rappeler que la contribution de la France au changement climatique est infime et que, même si l’Etat (encore !) était plus efficace, les résultat de cette action serait dérisoire.
S’indigner contre l’Etat, et croire qu’ainsi on a agi !


Petit rappel :
La France ne compte que pour 1% du CO2 produit par l’ensemble des activités humaines de la planète. Son jus énergétique est par ailleurs décarboné à 94% !


• … pour dire combien est abjecte la dénonciation des « violences policières»  contre les gentils lycéens et les pauvres gilets jaunes. Dénonciation qui va jusqu’à affirmer que la « France n’est plus patrie des droits de l’homme » (Tribune d’Emmanuel Daoud et Lucie Lecarpentier dans le JDD du 23 décembre) !  La contestation, quand elle est hors-la-loi, n’a pas tous les droits en démocratie : barrages, blocages et manifestations ont été organisés sans respect d’une législation pourtant très libérale.

S’indigner contre l’Etat, et croire qu’ainsi on a agi !

Petit rappel :


• …pour dire combien est sidérante la critique à l’égard de la politique « néolibérale » du gouvernement, quand on perçoit que la France est devenu cette année le pays du monde où les prélèvements obligatoires sont les plus élevés (47,3% du PIB en 2017). Et nous venons de dépasser le Danemark ! Championne d’Europe … 

S’indigner contre l’Etat, et croire qu’ainsi on a agi !

Petit rappel :



A travers tous ces exemples de déni du réel, on voit la figure d’un Etat, devenu ennemi, à la fois tout-puissant et impotent, à qui l’on demande de maigrir et de grossir, d’être présent sur tous les fronts contraires et de se faire tout petit partout. On perçoit aussi combien la comparaison internationale fait défaut. 

Je vous souhaite réellement une bonne année 2019 !

vendredi 14 décembre 2018

Retour sur la réforme constitutionnelle … à la lumière des gilets jaunes !


A propos de Quelle réforme du Parlement
Par François Cornut-Gentille (Le Débat, 2018, 5, n° 202, p. 87-94).


Il est des contretemps salutaires. La revue le Débat publie ces jours-ci un article du député François Cornut-Gentille (LR), intitulé « Quelle réforme du Parlement ? ». Il s’agit d’un résumé du discours critique qu’il avait prononcé, en juillet 2018, contre le projet de réforme constitutionnelle du Président Macron. Il est intéressant de lire cet article aujourd’hui, parce qu’il permet de mesurer l’ampleur de l’erreur diagnostique qui avait animée ce projet de réforme (dont on peut penser qu’il va être durablement — et heureusement — enterré).

Le projet prétendait promouvoir « des institutions plus efficaces, plus représentatives, plus responsables ». Or Cornut-Gentille annonce que le résultat sera exactement inverse.


1) Elle confond d’abord efficacité et rapidité en cantonnant le Parlement dans le rôle d’une chambre d’enregistrement de projet gouvernementaux. Et rien n’est fait pour améliorer la qualité de lois devenus  totalement hétérogènes et hors-sol, voire inutiles.
Pour exemple, cet avis du Conseil d’Etat sur la loi « pour une immigration maîtrisée » laisse rêveur :
« le Conseil d’État aurait souhaité trouver dans le contenu du texte […] le reflet d’une stratégie publique fondée sur l’exacte mesure des défis à relever et sur des choix structurants orientant les services publics vers un exercice plus efficace de leur mission »
Fichtre !

2) Le projet se trompe aussi sur la nature de la crise de la représentation — et le mouvement des Gilets jaunes le montre d’une lumière crue —. La réduction du nombre de députés dans un contexte de fracture territoriale majeure est démente, alors même que celui des fonctionnaires du Parlement augmente. Le non cumul prévu risque d’éloigner encore les députés du « local » et des réalités, d’où ils tirent leur ultime légitimité … ; … pure démagogie comme le montre ces quelques chiffres :

La France compte aujourd’hui un député pour 113 000 habitants ; l’Allemagne, un pour 114 000 ; le Royaume-Uni, un pour 96 000. Avec la réforme proposée, le ratio français sera de 1 pour 162 000. Record d’Europe ! Et l’introduction de la proportionnelle va conduire à des circonscriptions comptant bien plus de 200 000 habitants, très inadaptées à la représentation de la diversité des opinions.

L’instauration de la proportionnelle dans un pays qui a cessé d’être structuré autour de deux camps net n’a strictement aucun sens ; elle contribuera à une fragmentation électorale accrue entre les 5 forces en présence — Extrême gauche ; gauche de gouvernement ; centre ; droite républicaine ; extrême droite — qui représentent chacune +/- 20% de l’électorat. Comment une majorité peut-elle émerger ?

Le gadget d’un CESE (Conseil Economique Social et environnemental) qui aurait vocation à « dialoguer avec la société civile et la représenter plus fidèlement » est aberrant : car cela sape la légitimité du Parlement. On croit améliorer la représentation par sa fragmentation et sa multiplication ; on la déconstruit consciencieusement.

3) Quant à la responsabilité, Cornut-Gentille note que, si l’idée est essentielle, la mise en pratique prévue risque d’être calamiteuse. Le Parlement doit contrôler certes, mais pour cela, il doit aussi établir un diagnostic, des objectifs (faut-il une loi ou autre chose ?) et se donner les moyens d’évaluer. Je renvoie ici aux écrits précédent de François Cornut-Gentille.

En l’état, cette réforme pose plus de problèmes qu’elle n’en résout. Elle ne rétablit pas des équilibres ; elle aggrave des déséquilibres. Elle n’organise pas des complémentarités ; elle amplifie des dysfonctionnements.

Bref, cette réforme serait un « putsch technocratique ».
C’était en juillet 2018 ; nous sommes en décombre : et le putsch a été déjoué … au prix d’une crise grave.

mercredi 12 décembre 2018

Pensée du jour

Avec tous ses bénéfices, le doute doit être fort riche 
… pourquoi ne pas le taxer ?

Pourquoi fait-on des enfants ?

 Chronique LCP du 23/01/2024 Bonsoir Pierre Henri Tavoillot, le nombre annuel de naissance en France est passé sous la barre des 700 000 en ...