vendredi 13 janvier 2017

Ecole et intergénérationnel

Extrait de Serge Guérin et Pierre-Henri Tavoillot, La guerre des générations aura-t-elle lieu ? Calmann-Lévy, 2017
Rêvons un peu ! Imaginons un Ministre de l’Education Nationale nouvellement nommé, qui réunirait une conférence de presse solennelle pour annoncer qu’il va mettre en place une méthode tout à fait révolutionnaire pour transformer l’enseignement : « Durant les trois ans qui viennent, dirait-il en substance, je promets de ne RIEN FAIRE. Aucune réforme des programmes, aucune transformation des rythmes scolaires, aucune re-re-re-fondation de l’Ecole ! Il s’agira juste de faire le point ; d’évaluer les acquis ; de nettoyer le flot des circulaires ; d’analyser sereinement les ressorts des réussites comme des échecs ; et surtout de laisser respirer les acteurs en leur faisant pour une fois un peu confiance. Voilà mon programme : je sais qu’il est très ambitieux ! Mais, après tout, beaucoup de mes prédécesseurs, n’ont rien transformé en annonçant une foultitude de réformes ; peut-être puis-je espérer améliorer les choses en n’en prévoyant aucune ».
L’Ecole a besoin de concentration : cela vaut pour les élèves comme pour l’Institution. Or les uns comme l’autre sont soumis à un zapping continuel d’injonctions contradictoires qui troublent son attention. Dès qu’un problème sociétal devient à la mode : machisme, obésité, intégrisme, sécurité, environnement, omégas 3, huile de palme, UV, … il faut d’urgence l’intégrer aux programmes. Protégeons nos enfants et l’Ecole contre ces « perturbateurs endoctrinants » et laissons-lui calmement faire son travail, qui n’est pas de « changer les mentalités », mais de donner les outils de comprendre un monde de plus en plus complexe. A quoi bon la lutte contre l’obésité quand 20% de la population est en grande difficulté en lecture, écriture et arithmétique ? 

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