mardi 29 novembre 2016

Quel conservatisme : politique ou moral ?


Parmi les réactions au précédent message, certains m’objectent que j’utilise le terme de conservateur en un sens purement politique, alors que le véritable conservatisme de Fillon concerne ses convictions « morales et religieuses ». Cette objection est juste, mais puisque je me fonde, dans mon analyse, sur les textes publiés de Fillon (son livre Faire et celui sur le totalitarisme djihadiste), je dois préciser que j’y ai apprécié précisément que les croyances soient mises à l’écart du politique. C’est en ce sens que Fillon est libéral, il reconnaît une pluralité de conceptions du bien, au-delà de la sienne qu’il affiche pourtant volontiers (voir le chapitre XIV de Faire sur La foi). Je ne partage ni sa croyance ni ses choix profonds, mais je constate que, tout en les révélant, il n'en déduit pas une politique pour la collectivité.

Pour exemple, un passage du chapitre sur l’éducation :


« Quand j’étais ministre de l’Education Nationale, j’ai été le témoin navré des luttes qui opposent depuis des années les pédagogues réformateurs et les tenants des méthodes traditionnelles – les « pédagogos » et les « réactionnaires », ainsi qu’ils s’invectivent entre eux. Par tempérament et par conviction, c’est avec les seconds que j’étais le plus souvent d’accord. Mais ce débat m’a toujours gêné. D’abord parce que je ne suis jamais satisfait d’être réduit à l’alternative entre déconstruction et nostalgie. Nous avons trop tendance à redouter dans toute innovation un délitement et à regarder exclusivement vers le passé pour rechercher nos idéaux, et dans nos débats sur l’éducation, ce blocage mental est criant. »

Et on pourra se reporter à d'autres passage sur le mariage pour tous, l'avortement, et la politique de la famille … 

Le conservatisme personnel de Fillon est donc encadré par son libéralisme … pourvu qu'on prenne le terme dans son sens exact. Et là encore, ce n'est pas gagné … 

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