Parmi les réactions au précédent
message, certains m’objectent que j’utilise le terme de conservateur en un sens
purement politique, alors que le véritable conservatisme de Fillon concerne ses
convictions « morales et religieuses ». Cette objection est juste, mais puisque
je me fonde, dans mon analyse, sur les textes publiés de Fillon (son livre Faire et celui sur le totalitarisme djihadiste), je dois
préciser que j’y ai apprécié précisément que les croyances soient mises à l’écart
du politique. C’est en ce sens que Fillon est libéral, il reconnaît une
pluralité de conceptions du bien, au-delà de la sienne qu’il affiche pourtant volontiers
(voir le chapitre XIV de Faire sur La foi). Je ne partage ni sa croyance
ni ses choix profonds, mais je constate que, tout en les révélant, il n'en déduit pas une
politique pour la collectivité.
Pour exemple, un passage du
chapitre sur l’éducation :
« Quand j’étais ministre de
l’Education Nationale, j’ai été le témoin navré des luttes qui opposent depuis
des années les pédagogues réformateurs et les tenants des méthodes
traditionnelles – les « pédagogos » et les « réactionnaires », ainsi qu’ils s’invectivent
entre eux. Par tempérament et par conviction, c’est avec les seconds que j’étais
le plus souvent d’accord. Mais ce débat m’a toujours gêné. D’abord parce que je
ne suis jamais satisfait d’être réduit à l’alternative entre déconstruction et
nostalgie. Nous avons trop tendance à redouter dans toute innovation un
délitement et à regarder exclusivement vers le passé pour rechercher nos
idéaux, et dans nos débats sur l’éducation, ce blocage mental est criant. »
Et on pourra se reporter à d'autres passage sur le mariage pour tous, l'avortement, et la politique de la famille …
Le conservatisme personnel de Fillon est donc encadré par son libéralisme … pourvu qu'on prenne le terme dans son sens exact. Et là encore, ce n'est pas gagné …
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