Evidemment ! L’attentat de
Strasbourg a été fomenté par Macron pour affaiblir le mouvement des
gilets jaunes. La preuve : Castaner, vient de lancer le plan « urgence
attentat » … dans le seul but d’empêcher l’acte V de la contestation.
Nouveau signe de la duplicité d’un pouvoir sournois …
Voilà ce qu’on peut
lire sur les réseaux sociaux « GJ ».
Au-delà de l’anecdote, ce nouveau réflexe complotiste dit notre
incapacité de penser les divisions de la société française sur un autre mode
que, celui paranoïaque, du « moi contre le reste du monde ». Tous zadistes, voilà le mot !
C’est pourtant là la clé de tout : l’unité nationale
commence par une réflexion critique sur ses clivages réels et non par leur
négation.
Pour moi, la cartographie est la
suivante.
• Il y a d’abord les ennemis de la Démocratie occidentale qui veulent la
détruire et s’y emploient par le terrorisme : ce sont les idéologues et
les soldats de l’islamo-fascisme : Daech et Al Qaïda.
• Viennent ensuite les
« casseurs de la République », dont le spectre va de l’ultra droite à l’ultra
gauche en passant par les « racailles », soit disant non politisées, mais, en
fait, imbibés d’anti-républicanisme primaire. On aime à penser que, de ces
trois courants détestables, la première est la plus dangereuse, alors que,
selon moi, ce sont les deux dernières. Pourquoi ? Parce qu’ils bénéficient
d’une complaisance médiatique quasi totale. L’extrême gauche a pignon sur Une (depuis le Comité invisible très apprécié par le journal Le Monde, aux Black Blocks anarchistes, et, sans solution de
continuité, aux Insoumis). Et les « jeunes des banlieues » sont, par définition,
des victimes sociales, raciales et symboliques. Ensemble, ils ont joyeusement
saccagé Paris, Bordeaux, Avignon, Saint-Etienne, samedi dernier … Mais, j’insiste, ce ne
sont pas que des casseurs de mobiliers urbain et de magasins, ce sont des «
casseurs (politiques) de la République » ! Prenons-les au sérieux avec l'idéologie solide qui les anime.
Terroristes et casseurs sont des
ennemis. Il n’y pas lieu de négocier quoi que ce soit.
Ne confondons pas avec un troisième
clivage, — et on quitte là les oppositions radicales —, celui qui est
apparu au grand jour avec les gilets jaunes, après avoir été annoncé, décrit,
prévu (de longue date) par nombre de bons auteurs : c’est celui de la fracture territoriale,
qui oppose les métropoles (centres et banlieues) mondialisées (et médiatisée) à
la France périphérique enracinée (et oubliée). Dans un pays, comme le nôtre,
qui est riche (2e revenu médian par habitant de l’UE), très
égalitaire (oui !), doté d’une dynamique de pouvoir d’achat positive depuis
50 ans (re-oui !), avec le plus faible taux de ménage pauvres d’Europe
(re-re-oui !), où les riches paient plus qu’ailleurs (re-re-re-oui !)
et les entreprises plus taxées que nulle part (re-re-re-re-oui !), cette
fracture-là saute aux yeux et rend aveugle sur tout le reste. Il y a une bonne
raison à cela : au-delà des chiffres objectifs, c’est l’ouverture des
destins et des choix de vie qui est en cause. Qui a des perspectives ? Qui
se sent libre ? Qui peut bouger ? Qui peut travailler plus s’il le
souhaite et quand il le souhaite ? Qui ressent qu’il paie pour des gens
qui ne tiennent pas leur part du contrat social ? Qui pense que l'Etat — au-delà des services publics — s'acharne à « emmerder les Français » ? Qui est en insécurité fiscale permanente ? Qui se sent impuissant face à des forces bureaucratiques absurdes ? Les défis sont considérables.
Le début de solution à cette
division nationale commence par une prise de conscience claire de sa nature. La
nation a des ennemis qu’il faut combattre sans merci ; elle a aussi des
clivages qu’il faut résorber sans déni.
Cf. Tribune de Denis Olivennes, Etat-Providence : les raisons du malheur français (Figaro, 12 décembre 2018).
Je trouve très intéressante cette vision de la fracture territoriale, où il me semble reconnaître la notion de "capabilité" d'Amartya Sen.
RépondreSupprimerEn revanche, j'ai du mal à raisonner comme vous en assimilant des personnes à des idéologies. Je ne vous suis pas, par exemple, quand vous mettez sur le même plan "extrême gauche" et "jeunes des banlieues". L'un des deux est un ensemble de mouvements politiques, l'autre est un ensemble de personnes, d'individus, qui adhèrent sans-doute momentanément à certaines idées mais qui peuvent aussi en changer. Cette incapacité à saisir votre raisonnement viendrait-elle de mon manque de "conscience politique" ?
OUi, vous avez raison, on peut changer d'idéologie. Mais je note néanmoins, en suivant d'ailleurs Kepel qui a étudié cela de près, qu'il existe une véritable contre-culture dans certains quartiers de banlieues qui prend l'exact contre-pied de la culture républicaine : contre-démocratie, contre-égalité homme/femme, contre-savoir, contre-loi, contre-laïcité, … on peut espérer que ce ne soit pas une fatalité, mais il faut aussi constater que cette contre-culture montre en puissance,
RépondreSupprimer