En matière de retraite, compte tenu de l’évolution démographique (le ratio actif/retraité était de 4 en 1950 ; il sera de 1,57 en 2030), la réforme est nécessaire. Or il y a trois réformes possibles.
1) La première consiste à ne rien faire, ce qui entraîne, mécaniquement, l’augmentation des cotisations et/ou la baisse des pensions
2) La réforme, dite à points, universelle et paramétrique, où chaque salarié se voit accorder dans une cagnotte fictive avec un point pour chaque jour de labeur.
3) L’augmentation de l’âge du départ à la retraite
Chacune de ces réformes a des avantages et des inconvénients.
La première, qui a l’avantage du lasser-faire, mais que personne ne propose, est impopulaire pour les futurs retraités et/ou pèse lourdement sur les entreprises, l’emploi et la croissance.
La deuxième, qui semble claire, simple et universelle, n’est cohérente et robuste que si la valeur du point est flottante, en fonction de la conjoncture économique, exactement comme un taux d’intérêt du crédit.
La troisième, qui semble conforme à l’évolution de l’espérance de vie, pénalise les salariés qui ont commencé à travailler tôt, ceux qui ont travaillé dur (pénibilité) et ceux qui se sont engagés dans une carrière en songeant déjà à une retraite heureuse et précoce.
Le président s’était engagé sur la réforme 2 croyant éviter les pièges de la réforme 3. Mais la négociation menée par Delevoye a montré que la notion de point flottant (pouvant donc baisser) était tellement anxiogène qu’elle allait mettre en péril la réforme. Le gouvernement a donc décidé une réforme mixte, espérant réunir tous les avantages sans aucun des inconvénients. Résultat : une réforme avec une retraite minimum à 1000 euros (voilà pour 1), la mise en place d’un système de points uniquement à la hausse (voilà pour 2) et l’ajout d’un âge d’équilibre ou pivot (voilà pour 3) permettant d’assurer le financement du système. Conséquence politique : il se retrouve avec une réforme qui réunit tous les opposants contre elle, parce que chacun y voit la synthèse de tous les inconvénients sans aucun des avantages.
La question du financement, laissée hors du champ du débat parlementaire — on croit rêver ! —, pour être du seul ressort d’une conférence des partenaires sociaux, a resurgi aujourd’hui grâce à une note salutaire de l’Institut Montaigne (https://www.institutmontaigne.org/publications/retraites-pour-un-regime-equilibre). Elle montre que la question du financement a été sousestimée : retour à la case départ ?
Mais peu importe ! On pourra toujours prendre l’argent, là où il est …
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