samedi 8 février 2020

Les leçons du coronavirus pour la démocratie



Nous avons tous été impressionnés : la Chine pouvait construire un hôpital en 10 jours pour traiter les malades contaminés ! C’était le signe qu’un pouvoir fort — une démocratie totalement illibérale — était bien plus efficace en temps de crise que nos démocraties faibles et décadentes (voir le fameux document9 du Parti Communiste chinois). Et puis patatras ! On apprend la mort du docteur Li Wenliang, lanceur d’alerte sur le virus qui fut emprisonné ; on apprend que la colère monte ; que la confiance s’effondre ; que les autorités sont discréditées pendant que la paranoïa se développe.

Et pendant ce temps, à l’Institut Pasteur de Paris, on travaille : on identifie, on met en culture, on teste ; pendant ce temps, les espaces publics européens réagissent avec sang-froid ; les autorités veillent à n’être ni trop alarmistes ni trop insouciantes ; et, hormis quelques bugs ici ou là, c’est plutôt la sérénité qui règne.

Quelles leçons tirer de cette séquence (sous réserve des évènements à venir) ?  

Trois pour l’essentiel :

1) Les démocraties semblent faibles par temps calme, mais savent réagir par vent fort. Certes l’histoire montre que ça ne marche pas à tous les coups (Juin 40 !), mais on peut considérer que l’espace public, pourtant ensauvagé par les réseaux sociaux, sait faire la part des choses quand celles-ci deviennent graves !

2) Les partisans d’une démocratie illibérale peuvent donc aller se rhabiller : leur modèle (suivant lequel on peut prendre certaines libertés avec les libertés dès lors que le bien-être et la prospérité des citoyens y trouvent leur compte) n’est pas un idéal ultime, mais une étape possible vers un modèle où les libertés sont respectées. Erdogan disait de manière imagée : « La démocratie, c’est comme le tramway ; quand on est arrivé au terminus, on en descend ». Je pense exactement le contraire : ce qui menace la démocratie libérale, ce n’est jamais l’excès de liberté ; c’est la détestation de soi qui nourrit la haine de la vie en commun. Car on ne peut jamais être libre tout seul ! 

3) La troisième leçon concerne les partisans d’une « dictature verte ». Au regard des urgences et enjeux environnementaux, disent-ils, la démocratie libérale est inefficace ; il faut renouer avec un pouvoir fort, instruit par des experts, sachant dépasser la volonté populaire (abrutie par le souci de préserver son mode de vie).  Et là encore, la Chine est parfois donnée en exemple pour son virage autoritaro-environnemental (encore un peu embryonnaire, il est vrai). Mais c’est méconnaitre la force de notre espace public : du strict point de vue de l’efficacité (et sans aucune considération des principes), les « mentalités » et les comportements ont sans doute davantage et rapidement changé en matière environnementale, dans nos démocraties libérales, que s’ils avaient été reconditionnés par des puissances autoritaires. 

Bref : vive la démocratie libérale ! Le meilleur de tous les régimes imparfaits. CQFD



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