Il y a en ce moment une querelle qui oppose des universitaire à travers tribunes et pétitions interposées. Le texte de celle que j'ai signée se trouve ici. Je vous laisse le soin de trouver les autres. Se dessine ici une ligne de clivage qui sera à mon sens durable et qui suscite des discussions enflammées.
Si je reprends les choses plus calmement, j'identifie le nœud de la divergence (entre les personnes de bonne foi) de la manière suivante. C'est au fond une divergence classique de diagnostic sur la priorité de la menace.
Qu'est-ce qui menace le plus la « liberté académique » aujourd'hui ? Est-ce l'Etat toujours tenté par une dérive autoritaire ou est-ce la montée en puissance de l'idéologie islamiste ?
Pour le dire de manière moins impartiale : Est-il plus urgent pour les universitaires de lutter 1) contre l'islamisme ou 2) contre les universitaires qui tentent d'éviter dans l'université ce qui se passe actuellement dans le secondaire ?
Chacun pourra choisir sa priorité en son âme et conscience. J'ai choisi la mienne.
Mais le débat concerne aussi des personnes de beaucoup moins bonne foi. Contrairement à ce qui est dit ici ou là, l'islamo-gauchisme est aisé à définir. C'est la position qui considère que, l'islam étant la « religion des opprimés », le gauchisme peut ici reléguer son aversion du religieux. La révolte islamiste est une « divine surprise » qui permet de pallier la tendance devenue réactionnaire ou conservatrice du prolétariat européen (qui soit se contente de « défendre les acquis sociaux » = conservatisme, soit vote RN = réactionnaire). Avec un tel prolétariat : plus de révolution possible ! Donc il est urgent d'importer un prolétariat actif et révolutionnaire (d'où la position « open Borders » de l'islamo-gauchisme) afin de pourvoir surfer sur cette vague pour détruire la pseudo-démocratie libérale et l'affreux système capitaliste. L'islamisme est donc une bonne nouvelle.
Il est d'ailleurs, au fond, une pure et simple réaction de défense (légitime) face à un impérialisme occidental hypocrite qui prétend imposer son « idéologie des droits de l'homme » dans le monde entier, à coup de canon.
Tel est le raisonnement (ou du moins sa logique).
Il convient donc de faciliter la force destabilisatrice de l'idéologie islamiste, allié objectif de lutte, (bien sûr au nom de la liberté d'expression ici dévoyée) et de l'immuniser contre toute tentative de réaction de défense. Donc, oui, l'islamogauchisme n'est pas un ami de la République.
Mais comme il reste, dans sa force radicale, minoritaire dans l'opinion publique (bien que surreprésenté ailleurs), le meilleur moyen (comme d'habitude) de rallier à lui les modérés et timorés est de qualifier de « fascistes »; « islamophobes » et « maccarthystes » ceux qui voudraient s'y opposer. Voilà ma lecture, je vous la livre avec franchise.
Maintenant chacun prend, comme on dit, ses responsabilités ; mène son combat, et on refait le point dans cinq ans.
Quelques documents
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/28/prevention-de-la-radicalisation-une-formation-polemique-a-l-universite-paris-i_6017169_3224.html
https://www.revolutionpermanente.fr/Tribune-Mohammed-Sifaoui-n-a-rien-a-faire-a-la-Sorbonne
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