Entre 1989,
2001 ou 2011 : que choisir ? Quelle année méritera de figurer au
démarrage du XXIe siècle dans les futurs manuels d’histoire. 1989 a de
nombreuses vertus : la chute du mur, le basculement de l’Est dans l’Ouest,
la dramatique débâcle de conflits jusqu’ici congelés, bref la fin d’une
séquence inaugurée en 1914 qui fait du XXe siècle une tragédie sans équivalent,
mais un siècle heureusement écourté : seulement 75 ans ! Mais 1989 a aussi l’inconvénient
de clore sans rien inaugurer ou alors seulement, comme le pronostiquait Francis
Fukuyama, l’ère de la « fin de l’histoire », même si celle-ci peut
paraître — après-coup — bien mouvementée. Insatisfait, on se tournera
alors vers 2001 qui semble s’imposer. L’année est très proche du commencement
numérique ; elle est spectaculaire, dramatique et inédite avec la
destruction des Twin towers ;
elle offre donc une inauguration pleine de sens et d’horizons tragiques. Mais
voilà que 2011, qui n’est pas encore achevée, vient lui faire une redoutable
concurrence. D’abord, les révolutions arabes (Tunisie, Egypte,
Yemen, Bahrein, Lybie, Syrie), qui ont mis à bas des dictateurs avec un
même slogan aussi rustique qu’efficace : « dégage » !
Ensuite, le tsunami japonais et la catastrophe de Fukushima, qui sonnent comme un
prélude aux catastrophes environnementale à venir. Enfin la crise économique
qui, avec la menace des dettes souveraines, semble plonger le capitalisme
financier dans un gouffre sans fond ni fonds. Avec de tels événements, dont les
prolongements sont incertains, la fin d’Ousama Ben Laden pourrait presque
paraître anecdotique, neutralisant du même coup la portée historico-mondiale du
11 septembre.
Ce ne sont là, bien sûr, que des
conjectures ; et il faut accepter de laisser la question ouverte, tant
nous manquons de recul pour y répondre. Mais dans cette incertitude sur les
grandes césures du temps se niche aussi notre désarroi sur le cours des idées
et des grands courants de pensée. Pour le dire d’un mot : 1989 semblait
clore une époque, celle du règne sans partage des idéologies guerrières et
totales. Vingt deux ans plus tard, il faut reprendre la question : quelles
sont les idéologies d’après « la fin des idéologies » ?
… à Suivre
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